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CAPITELLE
Mouton égaré d'un troupeau de jadis,
Semant ta pierre blanche
Au gré des garrigues épineuses,
A l'abri des yeuses,
Tu survis,
Douce et trapue,
Simple et austère,
Solitaire.
Blanche case isolée, capitelle cachée,
La ronce barre ton seuil et te ronge ;
Le kermès se frotte à tes murs,
Et ta voûte patiente
Connaît
Le travail des mains et l'usure du temps.
Capitelle, naïve chapelle, coiffée d'iris,
Tu redresses la tête,
Offrant ta coupole désuète,
Ronde pour la main et pour l'oeil.
L'odeur tiède du thym
Traverse ton ventre noir ;
La lumière du soir
Te dore.
Et tu dors...
Christine MULLER
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«Les pierres parlent à qui sait les entendre.»
Ce n'est pas moi qui l'ai dit, j'en ai oublié l'auteur.
Mais les pierres de nos garrigues
Je sais les écouter. Vous pouvez comme moi
Les entendre parler.
Pierres des capitelles ou pierres des murets
Entassées en ribambelle ou bien éparpillées
Entre asphodèles et genêts,
Elles racontent l'histoire des hommes du temps passé
Qui d'une vie simple et méritoire ont su se contenter.
Ils choisissaient les plus belles des pierres de nos terrains
Dorées comme miel et lourdes dans leurs mains,
Dentelées ou chantournées.
Et quand la brise friponne s'en vient les caresser,
De joie, elles frissonnent, écoutez-les chanter.
Alors, ouvrez votre coeur, évoquez le temps passé
Et vous imaginerez que, comme à moi, un beau jour,
Elles ont su vous parler.
Léone KITTLER
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Parmi les genêts d'or et le thym odorant
Ils venait défricher quelque lopin de terre
Pour s'abriter du vent et du soleil ardent.
Ils ont édifié ces monuments de pierre.
Et les ans ont passé apportant leurs outrages
Les pierres écroulées encombraient les chemins
Les ronces chevelues enterraient l'héritage
De nos aïeuls partis vers d'autres lendemains.
Mais vous êtes venus, pleins d'ardeur et courage
Reprendre le flambeau des hommes d'autrefois.
Par vos soins attentifs, vivant est leur ouvrage
Et votre réussite est digne de leur foi.
Ressuscités par vous, sauvés de leur misère
Sous le ciel enchanté de notre Midi,
Par la brise embaumée qui chante sur la terre
Ces témoins du passé vous disent merci.
Léone KITTLER
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Pierres de patience
chaudement rassemblées
mémoire minérale de la terre
quelles voix du monde
écoutez-vous ?
Celles très douces de l'herbe
de l'arbre et de l'oiseau ?
Celle des orgues du vent ?
Celle qui serre l'âme
dans les geôles du brouillard ?
Celle du givre et du soleil
qui brûlent jusqu'au coeur ?
Celles des bêtes qui appuient
leur souffle à vos épaules ?
O pierres de patience
murets sur les chemins du causse
gardiennes du silence
dans la nuit des siècles.
Annie BRIET. Pierre sèche en Quercy (Lot)
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CAPITELLE
Au creux de la garrigue, elle s'était couchée,
Et faisait le gros dos sous le soleil levant.
Paisible, elle s'offrait à l'ombre effilochée
Qui jouait sur ses murs, au caprice des vents.
Si la pierre était grise et taillée à la diable,
Elle avait du soleil acquis la pureté.
Le temps l'enveloppait, coulant comme du sable
Et marquait son empreinte avec légèreté.
En haut, la clef de voûte avait chassé la ronce
Qui voulait l'enserrer de ses bras épineux.
Des lois de l'équilibre, elle était la réponse...
Elle portait l'espoir des matins lumineux.
Témoin des jours anciens où la terre était dure,
Quand on payait très cher, le droit de se nourrir.
C'est un peu de douceur dans la grande aventure
Où l'on avait le temps de voir l'herbe mourir.
Mireille DELEAGE
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Les murs toujours
A la fin s'échappent
Du sens où les enferme
Leur maître bâtisseur.
Les murs soudain réversibles
S'offrent aux regards
Retombés en enfance
Comme les friches du printemps.
Une ombre tremble un moment,
La voix s'ajoure au fil du jeu;
Le soleil n'est plus seul.
Emmanuel HIRIART
Poème extrait du site "EMMANUEL HIRIART vous invite à découvrir son univers poétique" :
http://perso.wanadoo.fr/emmanuel.hiriart/index.htm
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Patient dur comme une plante
Cherche entre les pierres
Sur la carte des lichens
Ta voie contrainte vers le ciel.
Avec les doigts de bois
Du sureau la ruse
Odorante des glycines,
Dis au matin ta feuillée.
Quand jouira la lumière
Pure comme un ruisseau
Refuse l'illusion.
Emmanuel HIRIART
Poème extrait du site "EMMANUEL HIRIART vous invite à découvrir son univers poétique" :
http://perso.wanadoo.fr/emmanuel.hiriart/index.htm
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TEMOIGNAGE ...
De la nature amoureux
je parcourai ce jour
un sentier serpentant
au coeur de la Garrigue...
A peine perceptible et
par là peu usité
ce tracé à demi effacé
me donna l'embellie.
C'est derrière un bosquet
d'arbustes et chênes verts
que j'aperçus surpris
un hameau endormi.
Abondonnées des hommes
laminées par le temps
ces quatre ou cinq masures
étaient de pierres sèches...
Je demeurai pensif
près d'un muret branlant
contemplant cet amas
où des hommes vécurent...
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MURETS
Murets de mon pays où les pierres ont du coeur
écrits dans l'herbe avec la main des hommes
qui sont passés tranquilles et pauvres et ont écrit
leurs pages blanches bien rassemblées pierre après pierre
dans l'herbe autour des prés des bois de l'eau courante
faisant des ponts des déliés des pleins des lignes droites
des signes de présence sans s'imposer comme on dit simplement
ce qu'on ressent et qu'on le dit sans peur et qu'on le laisse
en bonne main pour d'autres qui le liront l'étudieront
l'entretiendront écriront une suite ou le réécriront
avec leurs mains leurs doigts apprentis du silence.
ALBAREDE
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Capitelle.
Enfouies dans la campagne parmi pins et cyprès,
Apparaissent les capitelles aux toits érodés,
Que la pluie, le vent, les pilleurs acharnés,
De leurs actions incessantes ont ainsi façonnées...
Et quand le vent s'engouffre dans sa bouche béante,
Entends-tu la morne complainte de cette vieille dame,
Défigurée, isolée, délaissée avec indifférence,
Qui cherche désespérément une douce présence.
Te souviens-tu, capitelle, de ces temps perdus,
Où tu régnais, majestueuse, sur d'immenses étendues:
Tes entrailles gorgées de pioches, seaux et autres outils,
Retenaient en ton sein l'essence de la vie.
Mais quand le printemps réveille la nature endormie,
Que le soleil réchauffe tes vieilles pierres engourdies,
Que le thym et le romarin t'enivrent de leurs senteurs fleuries,
Alors, seulement, tu renais doucement à la vie.
Corinne GARCIA
Curieux j'en fis le tour
m'imaginant l'espoir
que mirent dans la pierre
ces gens du temps passé...
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Incalculable était la somme
du travail ainsi fait
pour bâtir loin de tout
ce havre de quiétude...
En avait-il fallu
des pierres et des pierres
et de savants calculs
pour que cela se tienne...
Je restai fort perplexe
devant tout le courage
et la ténacité de ces bâtisseurs
à l'adresse incroyable...
Puis je me retirai plus tard
avec humiliation pensant
que les hommes quoique
de bref passage
ont gravé dans la pierre
leurs traces indélébiles...
C'est là leur témoignage !
Francis MAZEL
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Nos capitelles sont belles dans la garrigue parfumée
De genêts et d'asphodèles, sous le soleil doré.
De pierres grises, dentelées, ocrées et chantournées
Elles sont comme des dames, des dames du temps passé.
Les hommes du temps jadis les ont édifiées,
Ils ont choisi leurs pierres pour qu'elles soient girondes
Avec leurs airs de faire la ronde.
Les années méchantes leur ont donné des airs penchés
Mais avec beaucoup de soins et aussi beaucoup d'amour
D'autres hommes de notre temps ont relevé le défi.
Ils ont remplacé ceux, depuis longtemps partis
Pour qu'elles soient à nouveau de belles dames d'aujourd'hui.
Nous leur rendons visite dans leur domaine embaumé
Et nous nous réjouissons de les voir ressusciter.
Alors malgré le temps qui passe
Sachons les conserver. Et avec les jours enfuis
Dont elles sont le souvenir,
Elles seront l'héritage pour les jours à venir.
Léone KITTLER
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