Poèmes présentés ici avec l'autorisation de: http://www.pierreseche.net

 

CAPITELLE


Mouton égaré d'un troupeau de jadis,

Semant ta pierre blanche

Au gré des garrigues épineuses,

A l'abri des yeuses,

Tu survis,

Douce et trapue,

Simple et austère,

Solitaire.


Blanche case isolée, capitelle cachée,

La ronce barre ton seuil et te ronge ;

Le kermès se frotte à tes murs,

Et ta voûte patiente

Connaît

Le travail des mains et l'usure du temps.

Capitelle, naïve chapelle, coiffée d'iris,

Tu redresses la tête,

Offrant ta coupole désuète,

Ronde pour la main et pour l'oeil.


L'odeur tiède du thym

Traverse ton ventre noir ;

La lumière du soir

Te dore.

Et tu dors...

Christine MULLER

«Les pierres parlent à qui sait les entendre.»

Ce n'est pas moi qui l'ai dit, j'en ai oublié l'auteur.

Mais les pierres de nos garrigues

Je sais les écouter. Vous pouvez comme moi

Les entendre parler.

Pierres des capitelles ou pierres des murets

Entassées en ribambelle ou bien éparpillées

Entre asphodèles et genêts,

Elles racontent l'histoire des hommes du temps passé

Qui d'une vie simple et méritoire ont su se contenter.

Ils choisissaient les plus belles des pierres de nos terrains

Dorées comme miel et lourdes dans leurs mains,

Dentelées ou chantournées.

Et quand la brise friponne s'en vient les caresser,

De joie, elles frissonnent, écoutez-les chanter.

Alors, ouvrez votre coeur, évoquez le temps passé

Et vous imaginerez que, comme à moi, un beau jour,

Elles ont su vous parler.



Léone KITTLER

Parmi les genêts d'or et le thym odorant

Ils venait défricher quelque lopin de terre

Pour s'abriter du vent et du soleil ardent.

Ils ont édifié ces monuments de pierre.


Et les ans ont passé apportant leurs outrages

Les pierres écroulées encombraient les chemins

Les ronces chevelues enterraient l'héritage

De nos aïeuls partis vers d'autres lendemains.


Mais vous êtes venus, pleins d'ardeur et courage

Reprendre le flambeau des hommes d'autrefois.

Par vos soins attentifs, vivant est leur ouvrage

Et votre réussite est digne de leur foi.


Ressuscités par vous, sauvés de leur misère

Sous le ciel enchanté de notre Midi,

Par la brise embaumée qui chante sur la terre

Ces témoins du passé vous disent merci.


Léone KITTLER

Pierres de patience

chaudement rassemblées

mémoire minérale de la terre

quelles voix du monde

écoutez-vous ?

Celles très douces de l'herbe

de l'arbre et de l'oiseau ?

Celle des orgues du vent ?

Celle qui serre l'âme

dans les geôles du brouillard ?

Celle du givre et du soleil

qui brûlent jusqu'au coeur ?

Celles des bêtes qui appuient

leur souffle à vos épaules ?

O pierres de patience

murets sur les chemins du causse

gardiennes du silence

dans la nuit des siècles.

Annie BRIET. Pierre sèche en Quercy (Lot)

CAPITELLE


Au creux de la garrigue, elle s'était couchée,

Et faisait le gros dos sous le soleil levant.

Paisible, elle s'offrait à l'ombre effilochée

Qui jouait sur ses murs, au caprice des vents.


Si la pierre était grise et taillée à la diable,

Elle avait du soleil acquis la pureté.

Le temps l'enveloppait, coulant comme du sable

Et marquait son empreinte avec légèreté.


En haut, la clef de voûte avait chassé la ronce

Qui voulait l'enserrer de ses bras épineux.

Des lois de l'équilibre, elle était la réponse...

Elle portait l'espoir des matins lumineux.


Témoin des jours anciens où la terre était dure,

Quand on payait très cher, le droit de se nourrir.

C'est un peu de douceur dans la grande aventure

Où l'on avait le temps de voir l'herbe mourir.

Mireille DELEAGE

Les murs toujours

A la fin s'échappent

Du sens où les enferme

Leur maître bâtisseur.

Les murs soudain réversibles

S'offrent aux regards

Retombés en enfance

Comme les friches du printemps.

Une ombre tremble un moment,

La voix s'ajoure au fil du jeu;

Le soleil n'est plus seul.

Emmanuel HIRIART


Poème extrait du site "EMMANUEL HIRIART vous invite à découvrir son univers poétique" :
http://perso.wanadoo.fr/emmanuel.hiriart/index.htm

Patient dur comme une plante

Cherche entre les pierres

Sur la carte des lichens

Ta voie contrainte vers le ciel.

Avec les doigts de bois

Du sureau la ruse

Odorante des glycines,

Dis au matin ta feuillée.

Quand jouira la lumière

Pure comme un ruisseau

Refuse l'illusion.

Emmanuel HIRIART


Poème extrait du site "EMMANUEL HIRIART vous invite à découvrir son univers poétique" :
http://perso.wanadoo.fr/emmanuel.hiriart/index.htm

TEMOIGNAGE ...


De la nature amoureux

je parcourai ce jour

un sentier serpentant

au coeur de la Garrigue...


A peine perceptible et

par là peu usité

ce tracé à demi effacé

me donna l'embellie.


C'est derrière un bosquet

d'arbustes et chênes verts

que j'aperçus surpris

un hameau endormi.


Abondonnées des hommes

laminées par le temps

ces quatre ou cinq masures

étaient de pierres sèches...


Je demeurai pensif

près d'un muret branlant

contemplant cet amas

où des hommes vécurent...


MURETS

Murets de mon pays où les pierres ont du coeur

écrits dans l'herbe avec la main des hommes

qui sont passés tranquilles et pauvres et ont écrit

leurs pages blanches bien rassemblées pierre après pierre

dans l'herbe autour des prés des bois de l'eau courante

faisant des ponts des déliés des pleins des lignes droites

des signes de présence sans s'imposer comme on dit simplement

ce qu'on ressent et qu'on le dit sans peur et qu'on le laisse

en bonne main pour d'autres qui le liront l'étudieront

l'entretiendront écriront une suite ou le réécriront

avec leurs mains leurs doigts apprentis du silence.


ALBAREDE

 

 

Capitelle.



Enfouies dans la campagne parmi pins et cyprès,

Apparaissent les capitelles aux toits érodés,

Que la pluie, le vent, les pilleurs acharnés,

De leurs actions incessantes ont ainsi façonnées...


Et quand le vent s'engouffre dans sa bouche béante,

Entends-tu la morne complainte de cette vieille dame,

Défigurée, isolée, délaissée avec indifférence,

Qui cherche désespérément une douce présence.


Te souviens-tu, capitelle, de ces temps perdus,

Où tu régnais, majestueuse, sur d'immenses étendues:

Tes entrailles gorgées de pioches, seaux et autres outils,

Retenaient en ton sein l'essence de la vie.


Mais quand le printemps réveille la nature endormie,

Que le soleil réchauffe tes vieilles pierres engourdies,

Que le thym et le romarin t'enivrent de leurs senteurs fleuries,

Alors, seulement, tu renais doucement à la vie.

Corinne GARCIA

Curieux j'en fis le tour

m'imaginant l'espoir

que mirent dans la pierre

ces gens du temps passé...

Incalculable était la somme

du travail ainsi fait

pour bâtir loin de tout

ce havre de quiétude...


En avait-il fallu

des pierres et des pierres

et de savants calculs

pour que cela se tienne...


Je restai fort perplexe

devant tout le courage

et la ténacité de ces bâtisseurs

à l'adresse incroyable...


Puis je me retirai plus tard

avec humiliation pensant

que les hommes quoique

de bref passage

ont gravé dans la pierre

leurs traces indélébiles...

C'est là leur témoignage !


Francis MAZEL

 

 

Nos capitelles sont belles dans la garrigue parfumée

De genêts et d'asphodèles, sous le soleil doré.

De pierres grises, dentelées, ocrées et chantournées

Elles sont comme des dames, des dames du temps passé.

Les hommes du temps jadis les ont édifiées,

Ils ont choisi leurs pierres pour qu'elles soient girondes

Avec leurs airs de faire la ronde.

Les années méchantes leur ont donné des airs penchés

Mais avec beaucoup de soins et aussi beaucoup d'amour

D'autres hommes de notre temps ont relevé le défi.

Ils ont remplacé ceux, depuis longtemps partis

Pour qu'elles soient à nouveau de belles dames d'aujourd'hui.

Nous leur rendons visite dans leur domaine embaumé

Et nous nous réjouissons de les voir ressusciter.

Alors malgré le temps qui passe

Sachons les conserver. Et avec les jours enfuis

Dont elles sont le souvenir,

Elles seront l'héritage pour les jours à venir.

Léone KITTLER

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