Réponse n° 10

Extrait du cdrom "Histoire de Montolieu"

Les deux rivières, La Dure et l'Azeau.

...La partie sommitale de la Montagne Noire est assise sur un noyau granitique primaire dont quelques roches émergent en surface par endroits, depuis une très haute antiquité elle est couverte de forets .

Le hêtre en général subsiste encore. Largement utilisés depuis la conquête de la Province par les Romains. les bois alimentèrent le feu des forges. aux premiers temps de notre ère. Après un répit de quelques siècles.

Les défrichements considérables effectués au moyen-age et la reprise des fonderies de fer avec les forges à la Catalane, mirent en péril l'existence de cette haute futaie.

Une réglementation des coupes de bois, au début du XIVème siècle, et surtout un ensemble de mesures prises à la fin du XVIIème siècle, permirent a la forêt de reprendre la place qu'elle n'aurait jamais dû perdre. L'administration des Eaux et Forêts continua l'oeuvre élaborée par le Ministre Colbert c'est ainsi que les arbres résineux sont venus repeupler en force les hautes terres en attendant la reprise des plantations de hêtres que nous souhaitons tous.

Le châtaignier prend le relais, vers le sud, dans les vallées de moyenne altitude et il en garnit tous les versants; plus bas, le chêne blanc, puis le chêne vert, en bosquets ou aux limites de cultures, marquent nettement les différentes courbes de niveau. Ces forêts règlent pour une large part le régime des eaux de la Montagne Noire.

Ces eaux très abondantes donnent un débit assez régulier aux rivières, tout au moins pendant dix mois de l'année.

Elles ont permis, dans un passé encore récent, leur utilisation pour produire une force hydraulique non négligeable, à l'exclusion des deux ou trois mois aux cours desquels s'établit l'étiage des cours d'eau. La Dure prend sa source au pied du pic de Montaud, à 1031 mètres d'altitude, dans la forêt du même nom, presque à la limite du département du Tarn. Elle longe ou traverse plusieurs agglomérations: Laprade-Basse, Les Forges, Caudebronde, Cuxac-Cabardez, Brousses.

La Dure reçoit sur sa rive droite le Linon ou Lignon, au débit parfois important et capricieux, au printemps et en automne. Il prend naissance dans la forêt de La Loubatière, près de l'ancienne Chartreuse de Beaulieu, et il aurait, selon certains auteurs, transporté des paillettes d'or !

Autre affluent de la Dure, sur la rive gauche, le ruisseau de la Dussaude ou de la Métairie du Traouc, autrefois peuplé, nous l'avons évoqué, d'écrevisses, avant le captage de la source des Saints-Michels.

Enfin, au confluent de la Dure avec l'Alzau, au "Gourc du Vié", la rivière reçoit, sur sa rive gauche, les eaux du ruisseau de Saint-Roch, ancien ruisseau de la "Gottina" ou Gouttine, renommées avant le XVIIème siècle pour leurs qualités particulières, utilisées au dessuintage de la laine.

L'Alzeau prend sa source à l'ouest de la Dure, également dans la forêt de Montaut, au nord du Pas-du-Rieu dénommé "Pas d'Alzau" au XIVème siècle. Il a servi pratiquement de frontière entre le Saïssaguès et le Cabardez occidental.

La rivière traverse le hameau de la Galaube, longe l'agglomération de Lacombe avant de parvenir à hauteur de Montolieu...




...Le débit régulier et assez abondant de l'Alzau lui a valu d'être amputé d'une importante partie de ses eaux - deux à quatre mètres cubes seconde environ - pour alimenter le Canal du Midi. Un barrage peu élevé, mais judicieusement placé, prélève à la "Prise d'Alzau" les eaux nécessaires qui sont conduites par la "Rigole de la Montagne" jusqu'au Bassin de Saint-Ferréol.

L'oeuvre remarquable pour l'époque de Pierre-Paul de Riquet, encouragé en cela par le Ministre du roi Louis XIV, Colbert, a le privilège de rester toujours d'actualité des points de vue historique, touristique et économique, malgré la semi-désaffection dont elle est la victime depuis plus d'un siècle.

Au niveau de la Prise d'Alzau, la rivière a actionné un martinet et fait fonctionner la soufflerie de la forge à la Catalane, importante pour l'époque, dite "Forge d'Alzau" et dont les feux ont été les derniers à s'éteindre à la fin du siècle dernier, dans la Montagne Noire.

En aval, la Communauté de Saint-Denis, a utilisé les eaux de l'Alzau pour produire la force hydraulique nécessaire à ses deux moulins banaux, à partir du barrage de la rivière au "Pont Barel", du début du XVème siècle jusqu'à une époque toute récente.

La construction du barrage de Saint-Denis, autorisée par les Ordonnances royales de 1835 et de 1846, permet de retenir dans son bassin 304.000 mètres cubes d'eau, utilisée en été à l'arrosage des prairies de la commune.

L'Alzau reçoit quelques ruisseaux, la plupart du temps à sec, sauf à la saison des pluies ou en hiver: le Pesquier et la Frayssègue sur sa rive droite, le Perdigal, sur sa rive gauche.

Sur leur passage rapide et cycliquement important, les deux rivières ont creusé de profondes gorges dans les calcaires dévoniens et siluriens limitant les petits plateaux successifs et sous-jacents les uns par rapport aux autres, qui ménagent déjà la transition avec la plaine. L'Alzau et la Dure parviennent à Montolieu, chacune respectivement au fond d'un profond ravin, séparées seulement par une sorte d'isthme rocheux dont la largeur au sommet n'est que de quelques mètres.

Cette étroite barre rocheuse a donné passage à une route à forte déclivité conduisant à Saint-Denis par le chemin départemental n°8 dont le tracé a subi de nombreux changements au cours des siècles.

Depuis la route de Saint-Denis, se détachent à droite les diverses voies donnant facilement accès, malgré leur déclivité aux divers moulins ou foulons, construits dans la faille de la Dure, dont ils utilisaient les eaux.

Le principal de ces chemins longe en passant la jolie propriété de Bellevue offrant, comme son nom l'indique, un point de vue imprenable sur toute la région.

Partant à gauche de la route de Saint-Denis, face à Bellevue, un très ancien chemin traverse un vignoble noble et réputé à Montolieu; avant d'aborder la rivière, il se divise en deux voies: celle de gauche conduit au Château de Villeneuve, ancien prieuré bénédictin, en traversant l'Alzau sur le pont de l'Izoule dont on peut faire remonter la construction au Xème siècle sans se tromper, la voie de droite menait autrefois à la Borde Rouge dont l'origine ancienne ne fait pas de doute.

La route de Saint-Denis est reliée enfin au Villaret par une vieille voie passant par Franc qui traverse le Lignon sur un pont construit au siècle dernier, en remplacement d'un gué.

Partant de Franc aussi, un embranchement de chemin très ancien passait la Dure au gué de Sapter; ce gué mentionné dans les Compoix a été remplacé au début du XIXème siècle par un pont qui fut emporté en 1870.

Cette voie conduisait à Brousses en passant par Les Lautier.

Revenons à la sortie nord de Montolieu: la porte de Saint-Denis est l'aboutissement, au septentrion, de l'enceinte fortifiée qui a enserré Montolieu, à partir du XIIème siècle.

Les deux tours mutilées dans le sens de la hauteur peuvent être datées de la fin du XIVème siècle; elles ont été construites sur les bases d'un ouvrage antérieur.

Les traces d'un passage voûté témoignent de la présence d'un couloir, probablement fermé par un lourd portail aux solides vantaux.

Dans l'embrasure d'une meurtrière dominant le ravin de la Dure, on a placé une croix de carrefour en pierre de taille dont l'emplacement primitif est indéterminé.

Cette croix nous invite à lever le voile sur l'histoire de Montolieu dont Gensanne nous donne, en 1778, une certaine image.