La Chapelle Saint-Roch
...La chapelle Saint-Roch était une propriété de la Communauté. Elle n'avait jamais appartenu ni à l'église ni à l'abbaye. Elle fut cependant vendue comme "Bien National" peu après le 16 juin 1794. L'acquéreur fut le citoyen Combes. Même après cette vente la chapelle fit toujours l'objet de la piété des Montolivains et habitants des villages voisins.
"La chapelle rurale de Saint-Roch lieu de pélerinage fut encore dévastée pendant la Terreur, la statue décapitée".
Les réparations indispensables et son entretien, surtout après la Terreur, furent longtemps laissés à l'initiative des Fidèles.
En 1796, pour ne pas avoir à rencontrer l'abbé Sicard curé de Saint-André, l'abbé Pastre avait demandé l'autorisation de dire la messe à la chapelle Saint-Roch. Le ministre de la Police la lui refusa à la suite de la dénonciation du commissaire Ramel: "Fanatisant continuellement le peuple Pastre" veut faire revivre la ci-devant Chapelle Saint-Roch, pour le seul objet du lucre, prétextant une dévotion particulière.
Il en faut peu à un peuple fanatisé pour s'y porter en foule et enfreindre les lois, car le 25 du mois dernier (avril 1797), ce même prêtre, préalablement à sa déclaration faite la veille de ce jour fît dire et chanter une messe et des antiennes, depuis 6 heures du matin jusqu'à dix dans cette chapelle champêtre, et le peuple s''y porta en foule, de manière que l'enceinte ne put pas contenir tout le monde ". "D'après le désir des administrateurs du département j'ai feint d'ignorer cette infraction jusqu'à ce que vous voudrez bien m'éclairer"...
La chapelle Saint-Roch, suite...
Le 8 août 1808, François Combes, entrepreneur de travaux publics, fit cession de la chapelle champètre de Saint-Roch qu'il détenait - nous l'avons vu- par achat de biens nationaux du district de Carcassonne. Cette cession était faite à titre gratuit et volontaire à la Fabrique de Montolieu, par acte sous-seing privé.
Le maire, M. Pierre Thoron, fit aussitôt expertiser l'état de la chapelle et demanda aux habitants de Montolieu de concourir généreusement à la restauration de l'édifice qui menaçait de se lézarder.
Le 16 août 1808, fête du Saint-Patron de la chapelle, tout Montolieu ainsi qu'un grand nombre d'habitants des villages voisins-inaugurèrent le culte dans la chapelle, par une procession solennelle. Cette procession reprenait l'exercice du culte à Saint-Roch, interrompu pendant dix-sept-ans.
Mais l'acte sous-seing privé ne fut jamais authentifié. La famille Combes était toujours propriétaire de la chapelle en 1873, note le père J.G. Perboyre.
Les malheurs subis pendant la Révolution par la chapelle Saint-Roch ont, semble-t-il, conforté les Montolivains dans la vénération mélée d'espoir et de reconnaissance qu'ils vouaient à ce saint.
"Le culte de Saint-Roch connut au début du XlXème siècle dans plusieurs diocèses méridionaux, un réveil lié aux invasions épidémiques. Le Saint est présenté aux fidèles comme un modèle de la Mortification de la pénitence, de l'humilité et du mépris de soi-même. Il est loué pour son abnégation, sa patience, son zèle et sa charité".
Une vie de Saint-Roch, peut-être la plus ancienne connue dans notre région - imprimée à Montpellier en 1817, nous le fait connaître comme guérisseur de la peste "avec des remèdes appliqués à propos, et mieux encore avec le signe de la Croix".
A Montolieu, le culte du Saint a toujours été pratiqué avec ferveur sinon sans éclipse. Une messe est célébrée dans la chapelle, le lundi de Pâques et le dimanche de Quasimodo, ce qui perpétue une ancienne coutume. La fête patronale du Saint est célébrée le 16 août. On montait autrefois à la chapelle en procession, musique en tête du long cortège; après la messe on récitait les litanies du Saint et à la fin de la cérémonie on distribuait le petit pain bénit à chaque famille, ce qui se fait toujours. Ces fêtes attirent une foule de fidèles, tant de Montolieu, de Moussoulens, que d'autres villages des environs.
Si le temps est beau, la coutume veut que plusieurs familles et des groupes de jeunes déjeunent sur l'herbe dans la campagne environnante.
Avant la Grande Guerre, il était d'usage, le 16 août, que M. le curé bénisse les animaux de trait rassemblés sur la place de l'église Saint-André, après la messe dite à la chapelle.
A une certaine époque, en particulier entre les deux guerres. il fut coutumier dans les familles notables de Montolieu, et à titre exceptionnel, de marier les jeunes filles à la chapelle du couvent des Filles de la Charité.
Il semble que la chapelle Saint-Roch, d'une façon plus générale, ait pris le relais de la Chapelle du Couvent. Depuis une ou deux décennies, beaucoup de cérémonies religieuses, de mariages se célèbrent à Saint-Roch.
En 1970-1971, fut créée une "Association des Amis de la Colline Saint-Roch", présidée par M. Paul Roger. Elle se proposait de restaurer la chapelle, de reboiser et de fleurir la colline et de construire un chemin d'accès au lieu saint, accessible à tous les véhicules.
Une collecte fut organisée dans le village parmi la population et hors de Montolieu auprès de toutes les personnes qui aiment ces lieux. Une somme importante fut recueillie.
- La chapelle fut entièrement assainie et restaurée, la toiture de la sacristie fut recouverte en tuiles et des contreforts vinrent soutenir le mur gouttereau nord.
- L'intérieur du sanctuaire fut recrépit. L'ancienne sacristie fut transformée en une sorte d'abside par l'aménagement d'un arc en plein cintre.
- Les statues et une croix furent mises en valeur en bonne place. De beaux vitraux modernes agrémentèrent les fenêtres.
La colline, enfin, pourvue d'un excellent chemin fut complantée de pins parasols et de cyprès.
Que le président et tous les membres de l'association soient remerciés et félicités.