Thézan des Corbières (11200)


Population
523 habitants
Superficie
2600 hectares
Altitude
100 mètres

Généralités historiques
Ancien village fortifié.

Architecture civile
Vestiges des remparts. Châteaux viticoles : de Donos, restes d'une enceinte défensive médiévale ; de Grange-Neuve ; d'Aiguilloux, de

Donos, du Petit-Donos, Saint-Estève.


si Thézan m'était conté...

Lorsqu'il y a plus de 2000 ans les romains colonisent la région, ils ne rencontrent pas de Gaulois dans nos plaines.

La population locale est principalement composée d' Elysiques et d' Ibères venus du Sud.

On y cultive l'olivier et la vigne, mais c'est au miel de notre garrigue, considéré par les romains comme le meilleur de l'Empire, que nous devront notre renommée. Le nectar local était offert aux Dieux à Rome, et l'on dit qu'il valait son poids en or sur le marché de Carthage.

C'est à un romain nommé Titus que Thézan doit son nom. Simple a retenir puisque dans la région, tous les villages finissant par ' an' ont pour origine le nom du domaine d'un romain ( Fabius pour Fabrezan, Lisinianus pour Lézignan, etc..).

Au cours des siècles le nom actuel de Thézan des Corbières se déclinera sous toutes les formes: Villare Tezanno, tesa, tesan, thézan...

Au début du VIII° siècle les arabes envahissent notre Royaume Wisigoth de Septimanie, ils seront écrasés par Charles Martel en 737 lors de la Bataille de la Berre. C'est Narbonne occupée, qui sera la dernière ville de la future France a être libérée.

Vers 790, Gomezinde, noble espagnol d'origine wisigothe et compagnon de Charlemagne, est investit par ce dernier sur les terres de Donos. Il y construit un Château Fort dont on aperçoit encore sur la crête les vestiges des doubles remparts.

A la même époque le frère de Gomezinde est investit sur les terres de Fontjoncouse.

Une Charte Royale, datée de 859, portant le sceau de Charles le Chauve, confirme Gomezinde dans ses droits de propriété sur la Seigneurie de Donos dont les 4000 hectares englobent une large partie du territoire de la commune de Thézan.

Cette Seigneurie sera pendant plusieurs siècles, par serment d'allégeance, liée à la Couronne de France.

En conséquence, et exception rare dans la région, elle n'avait de compte à rendre ni au Comte de Toulouse ni au Vicomte de Narbonne,

mais seulement directement au Roi de France.

L'église Saint-Paul, construite au pied du Château au XII° et XIII° siècle, pouvait accueillir jusqu'à 300 fidèles.

Le domaine restera la propriété des descendants de Gomezinde pendant mille ans

C'est au XI° siècle que la petite église Sainte Eulalie ( du nom d'une sainte espagnole ), est mentionnée pour la première fois.




Autour de cette église le village de Thézan va s'enrouler en circulades à l'intérieur de ce qu'on appelle 'Le Fort'

Son nom 'Villare Tezanno' est mentionné pour la première fois en 897.

Ce petit village fortifié va traverser les siècles et en 1720 il compte en tout 67 bâtiments.

Le grand carrefour de la Couverte n' existe pas encore et la croisée des chemins vers St Laurent, Donos, Coustouge, se situe près de la source
(actuellement intersection Croix-Rousse et rue du Montagut ).

Thézan est un village pastoral, on y élève le mouton dont la laine est renommée et on y cultive un peu de tout de l'olivier aux céréales. En 1807, les champs de céréales couvrent ici 700 hectares.

Il nous en reste des moulins en ruines et des noms évocateurs tel 'Vente Farine'.

La vigne on en parle peu et on en produit peu. Elle est seulement cultivée, pour la consommation familiale, sur les pentes escarpées et rocailleuses, là où la culture des céréales est difficile. En 1807 les céréales occupent 7 fois plus de terres cultivables que la vigne.

Et soudain , après la Révolution Française et avec le début de l'ère industrielle, tout est balayé et bascule en quelques décennies.

Dès lors dans les Corbières tout sera vignoble et rien d'autre. Le village se modernise. Pour faciliter le passage des charrettes on abat les vieilles rues couvertes et pour faire grand et riche on construit en 1860 l'église actuelle après avoir démoli le clocher de l'ancienne chapelle, symbole d'un passé révolu. C'est à cette époque qu'est construite l'artère principale du village bordée de maisons aux larges portes cochères pour laisser entrer les attelages ( avenue de la Mer et de la Gare ).
Vers 1880, en plein âge d'or, la démographie galopante comptera plus de mille habitants.

La consécration viendra avec le train, qui fait de Thézan le plus important carrefour des Corbières. Que le petit tramway à vapeur vienne de Narbonne, de Durban, de Mouthoumet ou de Port la Nouvelle, et où qu'il aille, il passe par Thézan.
C'est aussi le temps des grandes fêtes, des cavalcades et des orchestres de Jazz.

C'était hier et les anciens s'en souviennent encore.



photos et réalisation : (c)Henry Coulondou - copyright all rights reserved